« Le soutien aux CFA dans leurs actions pédagogiques doit être une priorité » (H. Laaraj, Interfor)
Paris – Publié le jeudi 25 avril 2019 à 15 h 34 – Article n° 145733
« J’espère que l’Opco Fimo tiendra compte du fort besoin d’accompagnement des jeunes du secteur, qui mobilisent les équipes pédagogiques plus que quiconque. Il faut aller plus loin
que la prise en charge des contrats en soutenant les initiatives d’accompagnement et de suivi. Le soutien des CFA dans leurs démarches d’actions pédagogiques doit constituer une
priorité », déclare Hassan Laaraj, directeur du CFA & Alternance chez Interfor SIA situé à Amiens (Somme), au sujet de l’Opco Fimo (ou ESSFIMO), compétent pour la branche de l’hôtellerie-
restauration, dans un entretien à la communauté C.F.A le 24/04/2019. « La disparition des Dima constitue déjà un sujet d’inquiétude, dans la mesure où notre expertise
(celle des CFA, ndlr) dans le domaine de la formation en alternance et nos connaissances du secteur nous permettent de confronter très tôt les jeunes aux enjeux du métier afin de minimiser
les risques de décrochage. Désormais, il faut confier cette tâche aux collèges et lycées qui proposeront des prépa-métiers. Mais ce défi représentera pour nous un bon indicateur de viabilité du nouveau système des Opco. Il est impératif que l’Opco apporte son soutien sur ce sujet crucial que représente la préformation », ajoute Hassan Laaraj.
Hassan Laaraj répond aux questions de la Communauté C.F.A
Quels sont les champs d’activité couverts par votre CFA ?
Nous formons près de 900 jeunes, principalement à partir de 15 ou 16 ans dans le secteur tertiaire. Parmi eux, plus de 200 jeunes sont en formation dans le domaine de l’hôtellerie-restauration en apprentissage
ou en contrat de professionnalisation dans les domaines du service, du bar et de la cuisine (en CAP, en BP ou en CQP). Cela représente près de 25 % de nos apprenants, mais nous y consacrons la majeure partie de notre temps car il s’agit d’un secteur qui requiert beaucoup d’attention.
Nous proposons également des pré-apprentissages. Cependant, ces derniers, déclinés sous forme de Dima, disparaîtront à la rentrée prochaine, en application de la loi 'pour la liberté choisir son avenir professionnel'.
Comment accueillez-vous cette réforme introduite par la loi du 05/09/2018 ?
La disparition des Dima constitue déjà un sujet d’inquiétude, dans la mesure où notre expertise (celle des CFA, ndlr) dans le domaine de la formation en alternance et nos connaissances du secteur nous permettent de confronter très tôt les jeunes aux enjeux du métier afin de minimiser les risques de décrochage.
Désormais, il faut confier cette tâche aux collèges et lycées qui proposeront des prépa-métiers. Mais ce défi représentera pour nous un bon indicateur de viabilité du nouveau système des Opco. Il est impératif que
l’Opco apporte son soutien sur ce sujet crucial que représente la préformation et accompagne davantage les CFA pour sécuriser les parcours et lutter contre le décrochage.
En ce qui concerne la concurrence, cela fait partie du jeu de la libéralisation de l’apprentissage. Les CFA se doivent d’apporter une valeur ajoutée dans leurs formations pour répondre au mieux aux besoins du secteur, notamment des entreprises, et ce depuis toujours. Notre CFA est armé pour faire face à la concurrence car nous avons d’ores et déjà adapté les parcours et moderniser notre appareil de formation. Souvent, les jeunes du secteur ne sont pas très scolaires mais veulent travailler. Il faut donc personnaliser la formation en fonction de leur acquis techniques et sociaux et adapter la pédagogie. Mais cela implique de travailler en petit groupe. C’est là où la question des coûts contrat se pose.
Justement, comment réagissez-vous aux coûts contrat retenus par France compétences pour vos formations ?
En termes de financement, les coûts contrat rassurent car ils permettent de commencer l’année avec a minima, une projection de budget et de ressources sûres négocié par la branche avec France compétences. Ce mode de financement représente une base de sécurité financière non négligeable, même si je considère que les coûts évalués (pour les CAP) représentent le strict minimum pour prendre en charge les formations et qu’il faudrait mieux considérer les projets pédagogiques dans leur globalité comme l’accompagnement. Ces initiatives entraînent des coûts allant bien au-delà des “coûts préfecture” et sont indispensables dans ce secteur d’activité où le risque de décrochage est réel et où le suivi est crucial pour bien orienter. Par ailleurs, il faudra absolument que les coûts contrats soient respectés car notre CFA se refusera à augmenter le nombre d’apprenants dans les groupes pour compenser, dans la mesure où cela va à l’encontre de notre politique d’accompagnement.
Éprouvez-vous des difficultés à attirer les jeunes dans les formations ?
Avec la probable ouverture de nouveaux CFA et dans un souci d’attractivité, notre CFA a opté pour la personnalisation des parcours et l’accompagnement. Nous mettons en place des programmes qui en témoignent depuis plusieurs années :
• Le CAP adapté en un an, que nous proposons depuis déjà près de huit ans, pour les plus âgés qui ont déjà une ou deux années de lycée mais qui souhaitent se réorienter en hôtellerie-restauration ;
• Le dispositif “d’appui personnalisé”, un groupe de CAP constitué après positionnement où les équipes apportent une pédagogie adaptée aux jeunes difficiles, en difficultés ou fragilisés afin de les
aider à rebondir dans le secteur.
• Le dispositif accompagnement dont la mission est basée sur trois axes : Accompagnement professionnel, accompagnement personnel et accompagnement pédagogique des jeunes apprentis de façon individuelle ou collective. Les résultats parlent d’eux-mêmes. Pour ces CAP adaptés, depuis leur création, nous sommes sur quasiment 100 % de réussite, alors même que les apprenants étaient, pour la plupart, considérés comme étant en échec scolaire.
J’espère donc que l’Opco Fimo tiendra compte du fort besoin d’accompagnement des jeunes du secteur, qui mobilisent les équipes pédagogiques plus que quiconque. Il faut aller plus loin que la prise en charge des contrats en soutenant les initiatives d’accompagnement et de suivi. Le soutien des CFA dans leurs démarches d’actions pédagogiques doit constituer une priorité.
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